La reine Fabiola partageait avec le roi Baudouin I une ethique et un sens du devoir exceptionnels. Cette attitude les rendait a la fois proches et distants, comme s'ils appartenaient deja a une mouvance en eclipse, hors de portee. Son regne lui ressemblait. Avec le roi, elle preferait la discretion aux facilites, la classe a la publicite, l'engagement a l'opportunisme.
Je ne partageais pas ses convictions mais je respectais sa logique. La aussi, le roi et la reine se retrouvaient en communion. Sans doute n'appreciaient-ils pas toujours combien la Belgique, traditionnellement catholique, etait devenue laique.
La reine Fabiola ne faisait jamais allusion a ses chagrins personnels. Elle preferait ne pas laisser sa qualite d'ecoute envahie par son discours interieur. Certains disent qu'elle etait la "derniere reine des Belges." Cela est a la fois vrai et faux. Il faut se rendre a l'evidence que, quoi qu'en dise Marcel Proust, le temps n'est jamais "retrouve." Cela est au demeurant positif car un certain type de temperament n'eclot que dans un environnement qui, de toute evidence, n'est plus. Les reines venues apres elle sont l'une et l'autre executrices des changements intervenus.
La reine Mathilde est l' heritiere legitime et parfaite pour veiller a ce que les "Contes merveilleux" de Fabiola de Mora y Aragon ne s'oublient pas...
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